En pleine alerte rouge canicule, et comme toutes ces dernières semaines, des exploitants agricoles ont irrigué leurs cultures malgré les interdictions.
Une situation hydrologique alarmante
En Charente-Maritime, l’état de la ressource en eau est régulièrement inquiétant. La quasi-totalité du département est classée en zone de répartition des eaux (ZRE) marquant un déséquilibre entre la ressource en eau disponible et les prélèvements effectués, ces derniers étant supérieurs à ce que peut fournir le milieu.
Cette année, à l’insuffisance de précipitations hivernales s’est ajouté un printemps sec et anormalement chaud.
En raison de cette situation, dès mars 2022, des cellules de vigilance ont été organisées en Préfecture. Dès avril, les premiers « arrêtés sécheresse » restreignant provisoirement l’utilisation en eau ont été publiés.
Malgré ces précautions, la situation a empiré : début juin, l’indice d’humidité des sols était celui habituellement rencontré en juillet. Sur le département, les nappes phréatiques sont toutes déficitaires et atteignent de tristes records. Nombre de cours d’eau connaissent des assecs précoces ou des débits inférieurs aux normales.
Des irrigants au-dessus des lois
Alors que tous les seuils d’alarme étaient déclenchés, une concertation semble avoir eu lieu entre des exploitants agricoles pour irriguer leurs cultures malgré les arrêtés préfectoraux l’interdisant.
Nombre d’exploitations céréalières ont ainsi été illégalement irriguées ces dernières semaines. Tel a même été le cas durant l’alerte vigilance rouge canicule qui a touché le Sud-Ouest le week-end dernier. Sous 40 degrés, de l’eau a même été répandue sur les routes goudronnées.
En quelques jours de contrôle, les inspecteurs de l’environnement ont établi plus de 47 procès-verbaux constatant des irrigations interdites. Le Ministère Public a été saisi.
A l’heure actuelle, des irrigations sont toujours en cours. Nature Environnement 17 reçoit chaque jour des signalements.
Des impacts directs sur les milieux
Avec le dérèglement climatique, la sécheresse devient chronique sur le département. Elle impacte les milieux, les sols et la biodiversité. Les vastes zones de Marais, avec leur flore et faune endémiques, sont particulièrement touchées.
Les agissements des irrigants accentuent ces effets déjà dévastateurs au moment où la ressource en eau est la plus critique.
Gaspillage délibéré, une grande partie de l’eau s’évapore en outre immédiatement du fait des hautes températures.
Le non-respect des arrêtés contrevient aux efforts déployés par les services de l’Etat et par les différents acteurs de la ressource notamment les associations environnementales qui siègent dans de nombreuses commissions relatives à la gestion de l’eau.
De même, ces comportements portent atteinte aux exploitants qui respectent les interdictions d’irrigation et qui subiront plus durement encore les conséquences de la sècheresse.
La question de l’eau potable risque même de se poser pour la période estivale à venir, la saison touristique augmentant la consommation.
Nature Environnement 17 appelle à l’arrêt immédiat des irrigations irrégulières. Les cultures intensives céréalières ne peuvent perdurer sur les sols non propices du département. Une modification des cultures est nécessaire afin que l’agriculture s’adapte au changement climatique et cesse d’en aggraver les conséquences. Fort heureusement, nombre d’exploitants se sont déjà engagés dans cette voie.