La Réserve Naturelle Régionale de La Massonne s’étend sur plus de 100 hectares sur les communes de la Gripperie Saint-Symphorien et de Saint-Sornin (17). L’ensemble des terrains appartiennent à des propriétaires privés : Monsieur et Madame BENIER, M. et Mme RIVIERE et M. et Mme DANDELOT.
Le site a obtenu le statut de réserve naturelle régionale en février 2012.
La RNR se situe dans les périmètres de 2 sites Natura 2000 : les Landes de Cadeuil (FRS400465) et le Marais de Brouage (FRS410028 et FRS400431) et la partie marais du secteur d’étude est partie intégrante de la ZICO n°PC06 Ile d’Oléron – Marais de Brouage Saint-Agnant.
Par ailleurs le site fait l’objet d’inventaires ZNIEFF de type I, zones écologiques remarquables n°119 et n°156 et de type II, zone biogéographique n°589.
L’intérêt de la Réserve Naturelle Régionale (RNR) de La Massonne réside principalement dans sa mosaïque d’habitats naturels et sa flore très diversifiée, entre marais, boisements, landes, etc. C’est un secteur à très forts enjeux biologiques.
La réglementation en vigueur sur la Réserve Naturelle Régionale de la Massonne s’inscrit dans le cadre de la loi n°2002-276 du 27 février 2002 relative à la démocratie de proximité qui a confié aux régions le pouvoir de disposer des outils réglementaires pour protéger et gérer les espaces naturels.
Ainsi, il est notamment interdit :
La flore est un enjeu important à l’échelle du site, de par sa diversité et sa forte valeur patrimoniale. En effet, on y dénombre pas moins de 562 espèces de flore différentes.
Parmi celles-ci, on retrouve 29 espèces patrimoniales à différentes échelles : 1 espèce d’intérêt communautaire, 4 espèces de niveau national, 19 espèces de niveau régional et 5 espèces de niveau départemental. En voici quelques exemples :
Iris de Sibérie (Iris sibirica) : Iridacée eurasiatique inscrite au Livre Rouge de la Flore Menacée de France, comme taxon prioritaire (MNHN, 1995) et bénéficiant d’une protection nationale, l’Iris de Sibérie n’est connu aujourd’hui que de 5 départements français, toujours en nombre très limité de stations : Bas-Rhin, Ain, Aveyron, Gironde et Charente-Maritime.
Sur la RNR de La Massonne, 5 populations ont été repérées, correspondant à 3 stations distinctes. Le suivi mis en place depuis 2007 démontre une situation préoccupante qui fait du maintien de cette espèce patrimoniale un enjeu de conservation primordial.
Renoncule à feuilles d’Ophioglosse (Ranunculus ophioglossifolius): Renonculacée méditerranéenne-atlantique inscrite au Livre Rouge de la Flore Menacée de France, comme taxon non prioritaire (MNHN, 1995) bénéficiant d’une protection nationale. La Renoncule à feuilles d’Ophioglosse est présente en France surtout sur la façade ouest ainsi que sur le pourtour méditerranéen. En Poitou-Charentes, l’espèce est commune dans les grands marais arrière-littoraux de Charente-Maritime, mais reste très rare dans les 3 autres départements.
Le retour du pâturage sur la réserve a largement favorisé la recolonisation des dépressions inondables par les Renoncules à feuilles d’Ophioglosse dont les pieds se comptent désormais par milliers.
Gentiane pneumonanthe (Gentiana pneumonanthe) : Gentianacée eurasiatique inféodée aux bas-marais alcalins ou acides des plaines et basses montagnes. En Poitou-Charentes, l’espèce est connue des 4 départements mais partout très localisée, peu abondante et en forte régression par rapport aux mentions anciennes (inscrite sur la Liste Rouge régionale).
La faune présente sur la réserve est très diversifiée, voici donc un bref aperçu de ses richesses
25 mammifères patrimoniaux ont été recensés dont 5 espèces « terrestres » qui font l’objet d’une protection nationale. Parmi ces dernières, 3 sont inscrites à la liste rouge mondiale et 3 sont déterminantes en Poitou-Charentes : La Loutre d’Europe est considérée comme en danger, au niveau national alors que le Campagnol amphibie est considéré quant à lui comme quasi menacé au niveau mondial. Enfin le Lérot est une espèce vulnérable au niveau mondial.
S’agissant des Chiroptères, les 17 espèces présentes sont toutes protégées au niveau national et européen. A l’échelon national, 5 espèces sont considérées comme quasi menacées et une est vulnérable.
Elles sont toutes inscrites à l’annexe II et/ou IV de la Directive Habitat. La réserve présente un caractère exceptionnel puisque plus des ¾ des espèces recensées dans la Région (26 au total) ont été contactées au moins une fois sur la RNR.
Un premier inventaire a été réalisé en 1995 par Ph. JOURDE. Celui-ci a servi de base et a été complété au fil des années et actualisé par les membres de Nature Environnement 17. Une étude menée par la LPO sur le retour de l’avifaune nicheuse suite à la restauration du pâturage sur la réserve permet de compléter cet inventaire.
On recense ainsi à l’heure actuelle 116 espèces d’oiseaux, dont la Pie grièche-écorcheur, la Fauvette pitchou, l’Alouette lulu, le Bruant jaune, le Bruant proyer…
14 espèces de reptiles et amphibiens ont été inventoriées, faisant toutes l’objet d’une protection nationale. Parmi celles-ci, 3 sont déterminantes en Poitou-Charentes.
Cistude d’Europe (Emys orbicularis) : La Cistude d’Europe, « Tortue des marais » ou « Tortue boueuse », est une tortue d’eau douce, dont la présence est liée aux milieux aquatiques. On la trouve principalement dans les étangs, lacs, marais d’eau douce ou saumâtre, mares, canaux…
A taille adulte, ce reptile pèse de 400 à 800g et sa carapace mesure entre 14 et 18cm. Elle est aisément reconnaissable par sa couleur sombre, sa carapace ovale peu bombée, sa tête brune, ses pattes et sa queue ornée de points jaunes.
En Poitou-Charentes, la Cistude est en limite nord de sa répartition sur la façade Atlantique.
Cette espèce, bien qu’encore très présente, est l’espèce de reptile qui a le plus régressée en valeur absolue en Europe ces dernières années. Cette régression peut s’expliquer par plusieurs facteurs, dont la modification ou destruction de ses milieux de vie, la pollution des cours d’eau, le trafic routier…
Le maintien des populations de Cistude d’Europe passe donc principalement par la conservation des zones humides et la préservation de la tranquillité des individus.
En 2011, la population de Cistude sur la Réserve était estimée à 254 individus. Cependant les sites de ponte sont quasiment tous localisés hors périmètre de la RNR. L’équipe de gestion agit donc à l’échelle des communes de La Gripperie et St-Sornin pour améliorer leur gestion.
– Orthoptères : 40 espèces d’orthoptères ont été inventoriées, dont 10 sont considérées comme déterminantes en Poitou-Charentes.
– Lépidoptères : Un suivi des lépidoptères diurnes est mis en place depuis 2009.
Ainsi, 52 espèces de Lépidoptères Rhopalocères ont pu être répertoriées, dont 5 sont déterminantes en Poitou-Charentes. Le site présente une richesse biologique très intéressante puisque sur l’ensemble de Poitou-Charentes, 115 espèces sont connues (247 espèces présentes en France). Le site comprend donc 42% des espèces du Poitou-Charentes.
Cuivré des marais (Lycanea dispar) : Papillon de jour de 4cm d’envergure maximum, le mâle est d’une couleur cuivrée (rouge doré) soulignée d’une fine bordure noire pour les ailes antérieures, le revers des ailes est de couleur orangé avec des points noirs cernés de blanc. La femelle est légèrement plus grande et de couleur plus sombre.
L’espèce produit deux générations par an, en mai-juin et en août. La ponte se fait sur le dessus de feuilles de diverses oseilles sauvages.
Le Cuivré des marais fréquente préférentiellement les milieux humides et les prairies inondables ou fraîches pacagées.
– Odonates : Un premier inventaire réalisé en 1995 par Ph. JOURDE avait répertorié 24 espèces d’odonates. Une réactualisation de cet inventaire, en 2003 (T.DUPEYRON, J-M. THIRION), a permis d’inventorier 33 espèces.
– Coléoptères : Bien que ces invertébrés n’aient pas fait l’objet d’un inventaire spécifique, 13 espèces ont pu être identifiées, dont 2 sont déterminantes en Poitou-Charentes.
Le site de La Massonne présente de nombreux milieux contrastés et sa topographie favorise une mosaïque d’habitats. On y trouve des habitats aquatiques, marécageux, prairiaux, buissonneux et de lande, rudéraux et anthropisés et forestiers.
– Le marais résulte de la sédimentation d’alluvions marines. Il a été aménagé par l’homme afin de créer des parcelles propices au pâturage ou au fauchage. Il en résulte la présence de prairies humides parsemées de baisses avec une végétation typique (Renoncules à feuilles d’ophioglosse…), de cariçaies, de saulaies. Les parcelles sont délimitées par des fossés bordés par endroits de frênes et d’aulnes, ainsi que par des phragmites.
– Les prairies sur sols calcaires sont d’anciennes cultures qui aujourd’hui ont été reconverties en prairies pour le pâturage équin.
– Les landes humides qui entourent l’ancienne sablière se sont développées sur des sables et des argiles acides, il en résulte la présence de groupements végétaux originaux.
– Les anciennes sablières présentent des eaux mésotrophes, bordées d’une végétation typique des bords des eaux.
– Les boisements présentent plusieurs faciès différents et notamment des boisements humides, bordant de petits ruisseaux, caractérisés par la présence de chênes sessiles et pédonculés, de frênes, d’aulnes, de robiniers…
La réserve est gérée depuis 1997 par l’association Nature Environnement 17, une co-gestion avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux est mise en place depuis 2007.
Suite au classement en Réserve Naturelle Régionale, un nouveau plan de gestion du site a été élaboré, qui liste les actions prioritaires, leurs objectifs et les moyens associés sur une période de 10 ans.
Un autre exemple d’action de gestion menée par l’association sur la réserve est celui du chantier expérimental de restauration de la lande effectué entre 2009 et 2013 dans le cadre du DOCOB du Natura 2000 « Landes de Cadeuil », puisque les landes de la RNR en font intégralement partie.
L’objectif majeur de ces travaux était de rajeunir les milieux de lande et de retrouver le cortège floristique des différents habitats présents sur la réserve.
Les résultats sont au rendez-vous puisque suite à cette première phase de travaux de restauration nous avons observé une augmentation du nombre de pieds et de stations de Gentiane pulmonaire, des tentatives de nidification de Busard cendré (échanges de proie), et la présence régulière d’Engoulevent d’Europe.
A l’avenir, un entretien régulier des landes par des rajeunissement périodiques permettra d’éviter la colonisation par les arbustes préfigurant le boisement qui conduirait à terme à la disparition des habitats de lande sur le site.
En effet, ces landes abritent une biodiversité exceptionnelle, avec une faune et une flore rares en Poitou-Charentes.