Pollution du captage AEP de Clavette

La contamination du réseau d’eau potable des communes de Clavette, Croix-Chapeau, la Jarrie et Salles-sur-Mer, a été détectée en fin d’année 2020. Le 11 janvier malgré la mise à l’arrêt du captage de Clavette, l’eau du réseau était encore polluée notamment à Croix-Chapeau.
Le phénomène de transfert des pesticides vers les eaux superficielles et souterraines généralement vérifiées, est accentué en périodes de forte pluviométrie.

C’est le cas pour le captage de Clavette situé dans une nappe qui est en communication directe avec les terrains cultivés à proximité.

Les informations suivantes doivent être communiquées individuellement et sans délai aux habitants desservis :
La période de contamination.
Sachant que les contrôles sur les pesticides ne sont réalisés que périodiquement, pendant combien de jours en 2020 et 2021 les habitants desservis par ce réseau ont-ils reçus de l’eau contaminée au robinet de leur logement ?

La nature et la dangerosité des substances pesticides détectées.
Le Chlortoluron
Plusieurs pesticides sont régulièrement retrouvés dans le milieu naturel et dans le cas du captage de Clavette, les concentrations sont telles que l’eau au robinet est impropre à la consommation.
Parmi ces pesticides, la présence du Chlortoluron n’est pas étonnante. Cet herbicide est utilisé sur les cultures de blé qui sont très présentes aux abords du point de captage.
Malgré une diminution des quantités achetées sur le secteur de Clavette, 2811 kg de cet herbicide en 2018 et 1511 kg en 2019 (nous n’avons pas les chiffres 2020), ce sont au total pour les 5 dernières années, 14622 kg de Chlortoluron qui ont été épandus sur ce secteur du code postal de Clavette (17220). Cette substance est hautement toxique et classée CMR (cancérogène, mutagène et toxique pour la reproduction).

Les autres pesticides utilisés sur le secteur de Clavette
Le glyphosate herbicide sujet de discussion de ces dernières années est l’arbre qui cache la forêt, c’est un indicateur. En effet, sur ce même secteur de Clavette, les agriculteurs en ont acheté 5 420 kg en 2019 mais ont aussi acheté 1 511 kg de Clortoluron, 5 426 kg de Prosulfocarb et 785 kg de S-Métolachlore.
Les herbicides pour une quantité achetée de 18 763 kg de substance active en 2019, représentent à eux seuls 77 % du total des pesticides. Dans ces 18 763 kg, 3 385 kg sont des substances CMR.
Au moins 60 produits chimiques sont utilisés par l’agriculture sur le secteur de Clavette dont certains très dangereux. Dans les analyses tous ces produits sont-ils recherchés ?

Les autres pesticides retrouvés  dans les analyses de l’eau du captage de Clavette
Parmi les pesticide retrouvés, le Métolachlore ESA est un produit de dégradation (métabolite) du Métolachlore dangereux et largement utilisé avant d’être interdit à la mise sur le marché depuis 1991.
20 ans après son interdiction on retrouve une pollution généralisée par des produits de transformation de la molécule.
Il se passe le même phénomène que pour un désherbant du maïs, l’Atrazine interdite depuis 2001 et dont on retrouve les métabolites sur de nombreux captages en Charente-Maritime jusqu’à 250 mètres de profondeur.
Le Métolachlore ESA très soluble est selon ANSES (L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) très difficile à « capter » dans les filtres à charbon actif. Pour 2 captages Fontaine d’Ozillac et Ste Lheurine, ces filtres vont coûter 950 000 euros au syndicat d’eau et payé sur les factures des usagers de l’eau. L’efficacité de ce traitement au charbon actif est cependant mis en doute par l’ANSES pour le Métolachlore ESA :  » l’ALCL-ESA, l’ALCL-OXA, le MTC-ESA (Métolachlore ESA) et le MTC-OXA présenteraient des log KOW estimés inférieurs à 2 voire négatifs, ce qui ne plaide pas en faveur d’une bonne rétention de ces molécules lors d’une filtration sur CAG.« 

La fermeture du captage de Clavette
Faut-il fermer définitivement le captage de Clavette comme les 100 captages fermés ces 10 dernières années en Charente-Maritime pour pollutions chronique par les pesticides et les nitrates ?
Casser le thermomètre ne résoudra pas les problèmes de pollutions dus aux épandages massifs de pesticides. Seule une conversion à l’agriculture biologique en commençant par les aires d’alimentation des captages pour l’eau potable pourra améliorer la qualité de la ressource en eau.
Sans mesures de protection importantes, complexes et coûteuses, le captage de Clavette est impropre à la production d’eau potable, mais sa fermeture définitive serait un renoncement à  la volonté de changer les pratiques agricoles et pourrait être vu comme un permis de polluer.
 
Les pesticides, les milieux naturels et la biodiversité
Si la priorité doit être mise sur la santé humaine, il ne faut perdre de vue que tous ces produits chimiques sont extrêmement dangereux pour tous les organismes vivants et c’est une des principales causes de l’effondrement de la biodiversité. Ces produits sont transportés jusqu’aux exutoires à la mer et polluent les eaux littorales.

Pour NE17 la pollution par les pesticides est connue et dénoncées par de nombreux scientifiques.
Les programmes de réduction Ecophyto sont un échec malgré les sommes d’argent public mobilisés.
Extrait du rapport de la Cour des Comptes.
 » En dépit de ces actions et de la mobilisation de fonds publics pouvant être estimés, pour 2018, à environ 400 M€ (dont 71 M€ prélevés sur la redevance pour pollutions diffuses), plusieurs travaux d’évaluation ont dressé un bilan réservé de l’action menée. La Cour constate, pour sa part, que les effets des plans Écophyto demeurent très en deçà des objectifs fixés. »
Le nouvel objectif de réduction de 50 % en 2025 risque bien de ne pas être atteint.

Pour mémoire, une concentration de 0,1 µg/l, correspondant à la concentration limite de substance pesticide autorisée pour l’eau potable, pour la majorité des substances individuelles, est atteinte une perte de cette substance par hectare de l’ordre de 90 mg !

Ceci milite pour développer de la manière la plus volontariste possible, les cultures à bas niveaux d’intrants (BNI) comprenant l’agriculture biologique et les productions ne nécessitant pas ou très peu de produits de traitements. De nombreuses initiatives voient le jour en France, y compris avec l’implication de chambres d’agriculture, et l’aide des agences de l’eau. Ceci pourrait être stimulé énergiquement en Charente maritime, avec l’appui des collectivités, et bénéficier également à la biodiversité ainsi qu’au plans alimentaires territoriaux.

Les infrastructures vertes contribuent également à réduire les surfaces traitées et à filtrer les substances indésirables.

De nombreux leviers existent pouvant bénéficier d’aides publiques : aides aux agriculteurs, aux organismes de développement et interprofessions, acquisitions foncières, baux environnementaux, Obligations Réelles Environnementales, … qui peuvent être orchestrées dans les aires d’alimentation des captages.

 

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