LA QUALITÉ DE L’EAU POTABLE EN CHARENTE MARITIME : AU SECOURS !

Alors qu’une « pause » de l’exploitation des captages d’eau potable dans la plaine d’Aunis en Charente Maritime a été décidée par les producteurs d’eau potable pour cause de pollution par les pesticides, le Gouvernement, lui, décide de faire une pause du plan Ecophyto .

Face aux protestations des ONG environnementales, d’organisations agricoles et de consommateurs sur les réponses apportées par le Premier ministre aux exigences de la FNSEA, le Ministre de la Transition Écologique , M. Béchu a déclaré le 4 février : « … Notre ambition n’a pas varié. La santé et la protection de la biodiversité sont des lignes rouges. »

Bien des fois, avons nous entendu ce même discours depuis 15 ans. Or l’usage des pesticides a augmenté de 13 % ces 10 dernières années malgré quelques 500 millions d’euros mobilisés .

L’ensemble des scientifiques s’accorde pour constater que tous les compartiments de notre environnement sont contaminés par les pesticides, y compris la biodiversité dans son ensemble.
Le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée Nationale du 14 décembre 2023 détaille les conséquences actuelles des pesticides : pollution de l’air, des eaux souterraines ou encore impacts prouvés sur la santé humaine établis avec un niveau de preuve fort par les expertises collectives de l’INSERM .

Le rapport d’information du 24 janvier 2024 de cette même Assemblée écrit que l’agriculture intensive participe au déclin de la biodiversité, à la pollution des eaux, des sols et de l’air par les intrants de synthèse ; la perte de biodiversité menace la souveraineté alimentaire française et la pérennité de l’agriculture , la biodiversité étant la clé de voûte d’une agriculture durable et résiliente. Ces impacts ont un coût pour la société : des centaines de millions d’euros , rien qu’en France, pour la dépollution de l’eau, les frais croissants de santé etles pertes de services de la biodiversité.
Combien de millions d’euros pour purifier l’eau potable demain en Charente Maritime ?

En effet, notre département, parmi les plus gros consommateurs de pesticides est particulièrement concerné. Les récentes déclarations et motions d’EAU 17 et du Conseil départemental sont alarmantes. La présence d’un métabolite du fongicide Chlorothalonil au-delà de la limite de qualité affecte au moins une population de 392 000 habitants.
Suite à un avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments de 2018 qui proposait que ce pesticide « soit classé comme cancérogène de catégorie 1B », c’est à dire « cancérogène supposé », le chlorothalonil est interdit depuis mai 2021.
Ce pesticide a été retrouvé dans 16 captages de l’agglomération rochelaise entraînant la fermeture de ceux-ci.
Il y a fort à parier que la solution proposée soit, plutôt que de dépolluer, de rehausser les seuils admis dans l’eau potable. La pratique nous y a habitué. Pourtant, nombre des molécules retrouvées sont aussi des perturbateurs endocriniens qui agissent sans seuil sur la reproduction et le système hormonal, notamment chez les jeunes et les femmes enceintes.

Pour protéger l’eau potable et la population, Nature Environnement 17 appelle à ce que les aires de protection des captages pour l’eau potable soient étendues et que seule l’agriculture biologique soit admise sur ces aires. Au regard des enjeux, la transition se doit d’être rapide.
Il faudrait que ce soit le cas de celui de Coulonge, si important pour l’alimentation de l’agglomération de La Rochelle. Problème : lors de la dernière réunion du CODERST* du 15 mars, la représentante de la Chambre d’Agriculture de Charente Maritime, dirigée par le premier syndicat agricole, s’est opposée à faciliter la protection et l’extension de ce captage.
Pourtant, les alternatives existent : l’INRAE a par exemple publié en 2022 trois scénarios sans pesticides. Les agriculteurs sont nombreux à vouloir opérer cette transition, certains l’ont déjà fait. Cela nécessite une politique volontariste d’accompagnements des changements de pratiques et de sécuriser le revenu des agriculteurs.

*CODERST : Comité départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques.

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