Les Amphibiens constituent un grand groupe d’animaux représentés par plus de 40 espèces en France métropolitaine, dont 28 sont présentes en Nouvelle-Aquitaine. Du fait de leur mode de vie et de leurs caractéristiques biologiques, ces animaux sont très sensibles à la qualité du milieu, et notamment à celle des zones humides dont ils dépendent directement pour la reproduction. La connaissance fine de leur répartition, de leur écologie et de la dynamique de leurs populations est indispensable afin de lutter contre les nombreuses menaces qui pèsent sur ce taxon.
Malgré la responsabilité de la région Nouvelle-Aquitaine vis-à-vis de la conservation des Amphibiens, ces informations sont aujourd’hui lacunaires pour la plupart des espèces. Dans ce contexte, la Société Herpétologique de France a lancé un vaste programme d’amélioration des connaissances, en lien étroit avec de nombreuses associations locales de protection de l’environnement, incluant Nature Environnement 17. Cette opération se base sur le déploiement à l’échelle de la région du protocole POP Amphibien sur une quinzaine de sites Natura 2000, de manière à homogénéiser la connaissance de l’état de conservation des espèces sur le plan national. Ce protocole consiste en plusieurs passages sur site entre janvier et mai, afin de détecter un maximum d’espèces lors de la période de reproduction. Il est répété tous les deux ans, et permet à terme d’en apprendre davantage sur les tendances démographiques de l’herpétofaune et la nature de la présence des espèces recherchées.
Nature Environnement 17 assure ce suivi bisannuel sur quatre sites : l’un d’eux se trouve sur l’île d’Oléron, un deuxième est situé le long de l’estuaire de la Gironde, tandis que les deux derniers jouxtent la vallée de la Charente. Les prospections balayent ainsi une certaine diversité de milieux, des dunes oléronaises aux marais salés de la côte estuarienne, en passant par les prairies inondées et les mares continentales.
Après une année de suivi, 10 espèces amphibiennes ont été inventoriées. Elles incluent des espèces encore relativement abondantes, comme le complexe des Grenouilles vertes (Pelophylax sp.), la Rainette méridionale (Hyla meridionalis) ou le Triton palmé (Lissotriton helveticus). D’autres espèces plus localisées ont été observées sur les sites les plus préservés, le long de l’estuaire et sur Oléron, comme le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), le Pélobate cultripède (Pelobates cultripes) ou le Triton marbré (Triturus marmoratus). Ces sites Natura 2000 possèdent la plus grande richesse spécifique, avec au moins 6 espèces différentes contactées. A l’inverse, les deux sites situés le long du fleuve Charente présentent une faible diversité très alarmante. Seules les espèces les plus communes et généralistes semblent difficilement subsister. Cette pauvreté s’explique probablement par les pollutions chimiques diverses liées au contexte fluviatile, ainsi que par la présence généralisée d’écrevisses américaines sur la quasi-totalité des zones prospectées. La disparition de la Rainette verte (Hyla arborea) – espèce commune jusque récemment -, sur l’ensemble du département cristallise cet effondrement rapide de l’herpétofaune, et de la biodiversité en général.
Sonneur à ventre jaune « Espèce vulnérable en France, probablement disparue du 17 » – © Laurent DUFEY
Triton marbré « Espèce quasi-menacée en France » – © Laurent DUFEY
Cette première année marque le lancement de suivis à long terme. Les résultats des prochaines années permettront d’en tirer des tendances spatiales et démographiques aux échelles locale, départementale, régionale et nationale. Ces précieuses informations alimenteront les données existantes et permettront l’évaluation plus précise des politiques environnementales. Les enjeux principaux résident dans la préservation des zones humides, les pollutions diverses des milieux de vie de la faune et l’évolution des populations d’espèces exotiques envahissantes. Affaire à suivre…
Projet financé par le DREAL Nouvelle-Aquitaine.