Un ronronnement pour un frisson d’amour…

Si le froid et le manque de nourriture poussent bon nombre d’espèces à limiter leur activité en hiver, il ne calme visiblement pas les ardeurs de la Grenouille rousse, qui choisit les mois les plus froids de l’année pour s’accoupler !

Les Grenouilles rousses sortent de leurs cachettes les nuits de décembre, janvier et/ou février et migrent en masse vers leur site de reproduction, généralement des dépressions inondables ou des eaux stagnantes peu profondes et temporaires. Malheureusement, à cette occasion, de nombreux individus se font écraser sur les routes.

Les mâles, premiers sur place, se rassemblent à la surface de l’eau et chantent en chorus afin d’attirer les femelles. Cependant, pour nos oreilles humaines, ce chant ronronnant reste très discret et passe souvent inaperçu.

 

Lorsqu’une femelle approche, le mâle s’agrippe à elle avec ses pattes avant et l’enserre sous les aisselles (technique de l’amplexus axillaire). La ponte et la fécondation ont lieu quelques heures, voire quelques jours plus tard. Le mâle fertilise les œufs au fur et à mesure. La ponte forme alors un amas gélatineux d’environ 700 à 4500 œufs. Les grappes d’œufs sont déposées côte à côte pour constituer une nappe pouvant atteindre une surface de plusieurs mètres carrés.

Les œufs écloront 1 à 3 semaines plus tard, en fonction des conditions climatiques. Les têtards sont herbivores, ils se nourriront d’algues, de détritus, de pollen… Leur développement jusqu’à leur métamorphose en petite grenouille prendra 2 à 3 mois.

Si l’hiver peut se montrer redoutable, le gel pouvant détruire les pontes, voire même emprisonner les adultes dans la glace, les condamnant à une mort certaine, la Grenouille rousse a cependant un fort intérêt à se reproduire à cette saison. Choisissant, dans de nombreux cas, des points d’eau temporaires pour déposer leurs œufs (certainement en vue de limiter la prédation aquatique sur les œufs et les larves), une reproduction précoce augmente les chances pour les têtards de se développer avant l’assèchement du site, sans quoi ceux-ci ne pourraient pas survivre. Outre le caractère précoce des points d’eau souvent choisis, la quantité restreinte de nourriture en hiver impose une vie au ralenti de la faune, y compris des prédateurs. La pression de ces derniers est alors moindre à cette période, laissant nos grenouilles batifoler et les têtards se développer en paix.

Attention, la confusion entre le Grenouille rousse et la Grenouille agile est fréquente. Seule une association de plusieurs critères permettent une identification certaine (y compris pour les pontes). En cas de doute, n’hésitez pas à nous envoyer des photos.