L’eau était bien au rendez-vous pour cette visite organisée par Sandra Laborde et Thomas Dupeyron : étangs, ruisseaux, marais, tous gorgés d’eau par les récentes pluies …
Une belle occasion pour visualiser, grâce aux explications détaillées de Thomas, les différents milieux représentés et leur lien avec la circulation de l’eau. Un vrai parcours pédagogique, tout à fait en amont du bassin versant de la Seudre, des limites du Haut Saintonge aux marais de Brouage : landes, boisements étagés du plus sec (chênes) au plus humide (frêne aulne, …), tourbières, prairies.
Ainsi, sur une surface relativement restreinte, de l’ordre de 100 ha, la rencontre entre le relief, les sols, l’eau, crée une riche mosaïque de milieux, et rend possible une vie intense et une biodiversité remarquable, parfois rare à l’échelle européenne ? : plus de 600 espèces de plantes, dont 28 de haut intérêt patrimonial telles l’iris de Sibérie, la gentiane pneumonanthe, insectes (libellules, papillons, …), chiroptères, loutre, oiseaux (fauvette pitchou par exemple), amphibiens et serpents.
Cette richesse est aussi permise par le travail des hommes : depuis la création de la réserve en 1997, les gestionnaires (Nature environnement 17, et LPO), avec l’aide active des propriétaires privés du site, de la région Poitou Charentes, puis de Nouvelle Aquitaine, de l’Agence de l’eau Adour Garonne, de l’Europe, du Conseil Départemental 17, suivent et entretiennent ces milieux, guidés par un plan de gestion établi pour 10 ans. Dans le contexte actuel de dégradation généralisée de la biodiversité, la notion de réserve pour conservation prend alors tout son sens.
Entretenir et rajeunir ces milieux ne peut non plus se faire sans la collaboration avec tous ceux qui font partie intégrante de cet écosystème : éleveurs de vaches maraichines, communes de la Gripperie Saint Symphorien et de Saint Sornin, réserves voisines dont celle de Moëze Oléron. La visite a ainsi permis de percevoir tous les enjeux d’un ancrage territorial : le récent diagnostic de celui-ci, en été 2020 démontre bien toute l’importance de le consolider durablement.
Au-delà du seul périmètre de la réserve, la compréhension de son fonctionnement permet d’appréhender l’extrême fragilité de la circulation de l’eau : carrières au sud pouvant abaisser insidieusement le niveau de la nappe, drainages trop rapides au printemps des marais à l’aval, grâce aux divers ouvrages hydrauliques extérieurs à la réserve, aménagement et gestion des différents ouvrages hydrauliques. Ce sont autant de leviers d’action possibles et de sujets de concertation avec tous les acteurs voisins.
Cette beauté et cette fragilité requièrent une mobilisation active avec les équipes de NE17 et les adhérents vigilants du territoire, mais aussi créative avec les artistes des Veilleurs de vent, pour guider toutes les actions de conservation et de valorisation de ces milieux.