Plan Régional d’Actions – Mulettes de Nouvelle-Aquitaine

Dans le fond silencieux des cours d’eau qui arpentent et façonnent les paysages de Charente-Maritime existent de petits êtres discrets, immobiles, filtrant l’eau au gré des saisons et des courants. Plus connues en eau salée qu’en eau douce, les moules ont aussi leurs représentants dans les eaux douces intérieures. Les Mulettes, ou Naïades, sont des mollusques bivalves méconnus, dont le mode de vie fascinant mérite pourtant une attention toute particulière.

Les Mulettes souffrent aujourd’hui de très nombreuses menaces. Ces bivalves, au mode de vie statique à l’âge adulte, dépendent entièrement de la qualité physico-chimique de l’eau. Par leur qualité d’animaux filtreurs, les pollutions diverses ont donc un impact direct. Les inondations et périodes d’assec prolongées, tout comme les modifications du tracé des cours d’eau par l’humain, sont autant de facteurs menaçant leurs effectifs. En outre, la méthode de reproduction des moules d’eau douce est tout à fait particulière et souvent incertaine. Chez la plupart des espèces, suite à la rencontre des gamètes femelle et mâle, les larves sont libérées dans le milieu avant de se fixer sous la forme d’un parasite externe à un poisson-hôte très spécifique. Ce n’est qu’après plusieurs semaines que la jeune mulette quitte son hôte pour s’enfouir sous le substrat. Plusieurs années sont alors nécessaires pour que l’individu se fixe finalement à la surface des sédiments. Pour couronner le tout, certaines espèces doivent patienter plusieurs décennies avant d’espérer se reproduire.

Leur écologie fait de ces animaux d’excellents indicateurs biologiques de la qualité des écosystèmes dulçaquicoles. La raréfaction des Naïades peut être un signe de bouleversements hydromorphologiques majeurs, de pollutions omniprésentes dans les eaux continentales, ou encore de la mauvaise santé des populations de poissons-hôtes dont dépendent directement les larves. Les causes sont souvent multiples.

Parmi les 10 espèces autochtones de Nouvelle-Aquitaine, 6 sont en danger d’extinction. La présence nouvelle d’espèces exogènes, comme celle de l’Anodonte chinoise (Sinanodonta woodiana), constitue une pression supplémentaire sur ce groupe. Parmi ces espèces à forts enjeux de conservation, le bassin de la Charente accueille la plus grande population mondiale de la Grande Mulette (Pseudunio auricularius), l’un des mollusques les plus menacés de la planète. Son poisson-hôte naturel est l’Esturgeon d’Europe (Acipenser sturio), et probablement la Lamproie marine (Petromyzon marinus). Le premier est considéré comme en danger critique d’extinction (CR) sur les listes rouges des espèces menacées de France et du monde, et la seconde voit ses populations s’effondrer depuis plusieurs décennies et est considérée en danger (EN) sur la liste rouge nationale. Sans ces espèces, la reproduction de la Grande Mulette et le maintien de l’espèce dans les quelques masses d’eau où elle survit semblent par conséquent plus que compromis. La responsabilité de la Nouvelle-Aquitaine est en ce sens extrêmement importante dans la conservation de ces animaux, disparaissant silencieusement dans l’indifférence la plus totale.

 

Grande Mulette (Pseudunio auricularius)

 

Dans ce contexte, afin de faire face à l’urgence représentée par la situation, un Plan Régional d’Actions en faveur des Mulettes de Nouvelle-Aquitaine a été rédigé par le réseau associatif de FNE NA, visant à mettre en place des mesures permettant la prise en compte de ces espèces dans les zonages environnementaux et les projets d’aménagement du territoire. Il définit 12 grandes actions regroupées selon 4 domaines thématiques : les actions de connaissance, les actions de gestion, protection et conservation, les actions d’animation du réseau et les actions de sensibilisation et de formation.

Le document est consultable en cliquant ici.

Ainsi, Nature Environnement 17, en lien avec les autres associations de protection de la nature du territoire régional, œuvre pour protéger et faire connaître ces êtres méconnus avant qu’il ne soit trop tard. Des actions de terrain seront menées dès l’année 2025, et l’implication de bénévoles curieux et motivés sera la bienvenue !

 

Projet financé par l’Agence de l’Eau Adour-Garonne, la DREAL Nouvelle-Aquitaine et la Région Nouvelle-Aquitaine.

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