Enquête publique : Centrale d’enrobés routiers à Montpellier de Médillan

Nature environnement 17 dépose à l’enquête publique concernant le projet d’exploitation d’une centrale d’enrobés routiers à Montpellier de Médillan.

A notre sens le dossier manque globalement de sérieux.

  • Sur l’implantation du site :

La zone pressentie pour l’installation de cette centrale d’enrobage à chaud est selon la carte communale, une zone N. Rappelons que ce projet a été envisagé une première fois sur la commune de Tanzac, et que le commissaire-enquêteur avait émis un avis défavorable en retenant que l’implantation d’une telle installation classée devait se faire en zone industrielle et non en zone agricole.

Nous sommes ici dans le même cas de figure.

Par ailleurs, le dossier se contente d’affirmer, sans l’étayer, que l’implantation de cette centrale dans cette zone est possible. Or il apparaît étonnant que les installations industrielles aient vocation à être implantées en zone naturelle.

Quelles sont les dispositions applicables à la zone N de la carte communale ?

Enfin, le pétitionnaire affirme qu’ aucune autorisation d’urbanisme ne sera nécessaire. Pourtant il est prévu de construire deux cuves de rétention en béton de 27m x 5m, soit une surface de 270m²…

  • Sur l’état initial :

-L’occupation actuelle des sols n’est pas bien décrite : en quel état est le sol après l’extraction ? À quelle distance est la nappe ? Quels aménagements seront à prévoir ?

-Par ailleurs il est tout à fait étonnant que l’analyse de l’environnement immédiat ne mentionne pas la présence du périmètre de protection rapproché du Captage de Grand Font à seulement 400m.

-Les populations les plus proches sont à 400 et 500m, ce qui est relativement près, mais il n’y a aucune description de ces populations, ni quantification.

  • Remise en état du site :

La remise en état du site devra passer par la démolition des aires de rétention créées, ce qui n’est pas explicitement indiqué.

Par ailleurs, l’autorisation de la carrière a du comprendre des mesures de remise en état de la carrière après exploitation. Qu’en est-il, à quelle date ces mesures étaient prévues ? Comment cela s’articule t-il avec l’installation d’une nouvelle ICPE sur le site ? L’arrêté d’autorisation de la carrière devra t-il être modifié ?

  • Sur les effets cumulés avec d’autres installations :

Si la carrière est mentionnée plusieurs fois, force est de constater, comme le relève l’autorité environnementale, que cette installation n’a pas été prise en compte pour la détermination des effets cumulés (cf. p58) alors qu’elle devait l’être et notamment sur les émissions de poussières et de bruit.

  • Sur les impacts du projet :

-L’impact sur les biens matériels est déclaré comme nul alors que le site générera du bruit, des poussières, des émanations de produits (dont certains sont toxiques à haute dose) et potentiellement des nuisances olfactives.

Cela aura aura un impact sur la qualité de vie des habitants alentours et la valeur de leurs biens. Les personnes venant s’installer à la campagne et devant déjà subir les nuisances causées par la carrière ne s’attendaient pas forcément à ce genre « d’ambiance ».

-De la même manière, alors que des mesures avaient été effectuées sur certains rejets de la centrale en fonctionnement en 2013, il n’y a pas eu de mesure d’odeurs, pourquoi ?

La conclusion présentée p80, comme quoi les odeurs seront faibles, n’est pas étayée. Il n’est pas sérieux d’affirmer sans le prouver qu’il n’y aura pas de problèmes d’odeurs…

En effet, sur un site tout à fait similaire (Société Rochelaise d’Enrobés à Périgny), une cinquantaine de formulaires de réclamation ont été adressés à la préfecture par les riverains du site. Ils mentionnent des odeurs nauséabondes et insupportables « impossible d’ouvrir les fenêtres et emmener les enfants à l’école sans se couvrir le nez », « impossible de rester dans le jardin », qui provoquent des gênes respiratoires (et notamment de l’asthme).

-S’agissant de l’analyse des émergences de bruit, il aurait fallu prendre en compte les effets cumulés de l’installation avec la carrière, et dresser un état initial en faisant a minima une mesure de bruit dans les hameaux situés à proximité de celle-ci.

Pour comparer encore une fois l’installation projetée avec une installation similaire, les riverains de la Société Rochelaise d’Enrobés se sont souvent plaints à la préfecture des émergences de bruit de la centrale.

-Les eaux de ruissellement du site sont canalisées dans un bassin tampon, mais il n’est nulle part indiqué le point de rejet dans le milieu naturel de ces eaux décantées.

Par ailleurs, en raison de la présence d’une nappe souterraine au droit du site, il faut un contrôle annuel des concentrations en MES et hydrocarbures dans le bassin de décantation, et non un contrôle tous les trois ans, comme évoqué.

-Si l’exposition des salariés a été prise comme référence pour l’étude d’impact, il est à signaler que généralement les personnes se trouvant « sous le vent » des émissions de la centrale sont plus exposées aux retombées des fumées que ceux qui sont en dessous.

De plus, seul le naphtalène a été choisi comme traceur alors que sur un site similaire, on examine plus globalement tous les COV (cf. AP 08/07/14 Société Rochelaise d’Enrobés).

En effet, certains HAP contenus dans les fumées de bitume, comme le chrysène, posent de graves problèmes de santé publique

Il est à ce titre inacceptable que l’étude d’impact annonce p116 « en cas de constat d’impact sanitaire une description affinée des populations serait à réaliser, si l’impact constaté le justifiait »

A St Rogatien, près de la Société Rochelaise d’Enrobés (fonctionnant jusqu’à présent au fioul lourd), plusieurs cas de lupus et de leucémies ont été recensés (et une pétition rassemblant 430 signatures a été envoyée au préfet l’alertant de ces anomalies). Cette situation apparaît d’autant plus problématique que toutes ces pathologies sont apparues dans le même quartier, celui sous le vent de la centrale d’enrobés. Cependant le nombre de cas, pourtant important à l’échelle d’un quartier, ne peut être reconnu comme échantillon statistique fiable, et ces populations sont ignorées.

Il faut donc à l’inverse appliquer le principe de précaution : décrire les populations, contrôler et quantifier les émissions en COV régulièrement dès départ.

Par ailleurs, ce principe, associé à la notion de « meilleures technologies disponibles » devrait imposer le raccordement de cette centrale d’enrobés à un réseau d’énergie collectif, comme son installation en zone industrielle. En effet, cette centrale est prévue pour fonctionner à base de fioul lourd, dont la combustion génère des composés organiques volatils tels que dérivés du benzène du type HAP et BTEX, dont l’effet cancérigène est révélé par de nombreuses études.

Pour toutes ces raisons, nous émettons un avis défavorable au projet d’installation d’une centrale d’enrobage à chaud sur la commune de Montpellier de Médillan.

 

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