Une consultation est en cours jusqu’à lundi soir sur des mesures destinées à protéger les personnes vulnérables des épandages de produits phytopharmaceutiques ! Même si ces mesures vont dans le bon sens, elles sont encore bien insuffisantes face au danger que ces substances représentent.
Vous aussi réagissez et répondez à la consultation avant lundi soir en suivant ce lien.
Nature Environnement 17, qui s’intéresse tout particulièrement à la question, y a répondu comme suit :
Les épandages de pesticides, herbicides, insecticides, fongicides, malgré les discours et engagements du gouvernement, n’ont cessé d’augmenter, plus 9 % en 2013 et 9,4 % en 2014. L’usage des molécules suspectées d’être cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction humaine accuse une progression de 13 à 22 % (source Que Choisir). Force est de constater que le plan Ecophyto 2018 lancé en 2008 à la suite du Grenelle de l’environnement est un échec. L’objectif a été reporté en 2025. Dix ans de plus de pollutions diffuses et d’intoxication des utilisateurs et des populations.
Alors que les dernières études montrent que le bilan de l’agriculture chimique intensive est aujourd’hui un échec, sanitaire, social et économique, l’utilisation massive des engrais et des pesticides restent les piliers de ce modèle agricole.
Vouloir essayer de protéger une infime partie de la population part d’un bon sentiment mais en réalité il est impossible d’éviter aux produits chimiques de se répandre dans l’eau, les sols et l’air. Cette pollution de l’air est générale sur des centaines de mètres autour des parcelles traitées. Ce n’est pas une distance dite « de sécurité » qui va éviter la respiration de ces produits chimiques omniprésents d’ans l’air pendant les principales périodes de traitement.
Sur l’exposé des motifs présentés dans la consultation du public et que l’on retrouve dans les considérants de l’arrêté, il est écrit que :
« Parallèlement, compte tenu des conditions climatiques favorables à la multiplicité des ravageurs et parasites des végétaux, la protection des cultures reste un impératif et nécessite d’utiliser des produits phytopharmaceutiques pour prévenir maladies et dégâts des cultures et assurer la production de fruits et de produits transformés. »
On voudrait faire croire aux français que sans produits chimiques, il n’y aurait plus d’agriculture possible, ce qui est un mensonge. L’utilisation des pesticides n’est pas règlementée quant au volume utilisé et aux fréquences de traitement. Dans ces conditions, il est impossible de diminuer les quantités épandues et c’est bien là le principal problème. La mise en place de bandes de sécurité non traitées n’est qu’une petite partie de la solution. La suppression des produits chimiques dangereux pour la santé et l’environnement doit être rapidement envisagée comme seul moyen efficace de protéger la santé.
On oublie facilement que l’agriculture biologique n’utilise pas de produits chimiques dangereux pour la santé, il est donc possible de s’en passer. Le bilan de l’agriculture chimique intensive est largement déficitaire, ses pratiques sont dangereuses et coûtent très cher à la collectivité.
Les chiffres cités sont invérifiables. 1 % de dérive représente combien de quantité produit quand il s’agit de molécules toxiques utilisées avec des conditions climatiques, vent, température, évaporation, très variables ? 5 m, 20 m, 50 m sont imposés. Quand un engin de traitement est en activité et que l’odeur du produit est perçue à plusieurs centaines de mètres, il y-a-t-il des molécules du produit qui sont respirées et quel est le danger ? Cette situation est constatée tous les jours actuellement autour des parcelles traitées fréquemment depuis plusieurs mois.
Vouloir séparer les types de populations impactées est une erreur d’appréciation de l’impact de ces produits sur toute la population du département.
Dans ces conditions, c’est aux utilisateurs de prouver que les épandages ne seront plus une menace pour les personnes présentent dans les établissements concernées par le projet d’arrêté et ils doivent en conséquence mettre en place à leur frais des systèmes de contrôles qui prouvent l’efficacité des mesures prévues (systèmes d’analyses d’air vérifiés régulièrement).
En outre, une signalisation appropriée doit être mise en place sur les parcelles traitées indiquant ces traitements, les produits utilisés, le danger présent, l’interdiction de pénétrer sur les parcelles et la rémanence des produit. L’affichage en mairie est une mesure inefficace. Quant à l’article 7, « impose aux porteurs de projet de nouvelle construction d’établissements précités à proximité d’exploitations agricoles de mettre en place des mesures de protection physique telle qu’une haie anti-dérive.
Il est extraordinaire de voir écrit que c’est aux personnes qui seraient polluées de se protéger, c’est un constat flagrant de ces pollutions diffuses qu’il est impossible de maitriser autrement qu’en éloignant les populations des terres agricoles traitées. C’est utopique, tout le département de la Charente-Maritime est concerné de façon plus ou moins importante.
De plus, l’utilisation des produits chimiques, en particulier pour tous les types d’agriculture non biologique pourrait être un scandale sanitaire à court terme, il est donc inadmissible dans ce projet d’arrêté de ne prendre en compte que l’arboriculture et la viticulture. Les autres cultures intensives chimiques sont aussi concernées.
Enfin, tout règlement, doit prévoir des contrôles, des moyens de surveillance et d’alerte pour la population et des sanctions en cas de non-respect. On constate que les communes vont avoir des responsabilités supplémentaires qu’elles seront incapables pour la plupart d’assumer quand on connait les contextes locaux et la forte présence agricole dans les communes rurales.
crédit photo : Andy Powell via flickr