Invitée ce matin à cette réunion sur la gestion quantitative, les prélèvements pour l’irrigation et l’état des milieux naturels, NE17 n’est pas convaincue de l’utilité de cette rencontre avec les pêcheurs, les producteurs d’eau potable, l’ONEMA et la chambre d’agriculture.
Le seul point positif à nos yeux a été le constat de la situation de crise et de l’impuissance de l’administration à mettre en place une réglementation basée sur des indicateurs pertinents pour la protection des milieux naturels.
La vigilance n’est plus de mise alors que les milieux naturels sont en grande partie sinistrés avec près de 70 % des rivières du département à sec ou en rupture d’écoulement, il est un peu tard pour parler de vigilance.
Si rien n’est prévu pour interdire l’irrigation sur certaines zones encore « sauvables » toute la faune aquatique sera définitivement détruite.
- Les causes sont connues :
La prédominance du maïs irrigué avec cette année des semis tardifs sur des bassins où la ressource est fragile.
Tant que les pratiques resteront telles qu’elles sont aujourd’hui l’adaptation des prélèvements à la ressource sera impossible.
- Un manque d’anticipation de la crise et des décisions tardives pour limiter ou interdire l’irrigation.
Sur le bassin du Mignon, alors que le seuil de coupure à a été franchi le 19 août et que la baisse du niveau des nappes est continue, l’arrêté d’interdiction n’a été pris que le 27 août permettant des prélèvements importants avec une chute de 60 cm du niveau de la nappe, une vidange des biefs du Mignon et du marais.
Même si ce bassin est géré par le préfet des Deux-Sèvres, la mise en œuvre des mesures de limitations doit aussi concerner le département de la Charente-Maritime, les nappes et les rivières ne s’arrêtant pas aux limites administratives.
- Des indicateurs de gestion non pertinents et d’autres manquants et des seuils fixés trop bas
Les indicateurs utilisés par le préfet pour la gestion quantitative ont été mis en place pour permettre des prélèvements maximums dans le milieu naturel sans se soucier de leurs effets destructeurs.
Les irrigants refusent de réviser ces seuils de gestion car cela reviendrait à limiter leurs possibilités de prélèvement.
D’autres indicateurs ne sont pas installés ou pas utilisés car cela risque de limiter les volumes prélevables.
Sur le bassin du Curé, alors que le SDAGE Loire Bretagne et le SAGE Sèvre Niortaise Marais Poitevin prévoient un seuil de gestion de la nappe qui pourrait protéger la tête de bassin versant, ce piézomètre de St Georges du Bois n’est pas utilisé par le préfet dans ses arrêtés. Sur cet indicateur, le seuil de crise (qui ne devrait jamais être atteint) a été franchi vers le 24 août.
La situation est identique sur le bassin de la Boutonne, l’Antenne, la Gères, la Seugne, la Seudre…
La gestion quantitative est un échec dans notre département et sur les bassins interdépartementaux, nous sommes encore loin de l’équilibre entre prélèvements et ressource disponible imposé par la Directive Cadre sur l’Eau.
La solution miracle qui consisterait à construire des bassines pour stocker toute l’eau qui manque l’été pour l’irrigation est plutôt risquée tant environnementalement qu’économiquement. Par ailleurs elle n’est pas généralisable à l’ensemble des irrigants.
Sur le bassin du mignon, la présence de cinq bassines, avec un volume stocké de 1,5 millions de m3 qui ont nécessité 4,3 millions d’euros d’argent public, n’a pas permis de protéger le marais.
Il ne peut y avoir de gain environnemental qu’en révisant les seuils de gestion à la hausse.
Malheureusement notre association dénonce ce fonctionnement depuis plus de 10 ans sans résultats.
Contact : Nature Environnement 17 – 05 46 41 39 04
Crédits photos Nature Environnement 17