Benoît BITEAU un agriculteur bio qui diminue l’irrigation, change de pratiques, préserve la qualité des sols, de l’eau, de l’air, la biodiversité, se voit infliger une double peine car la conduite d’une exploitation en biologie est déjà un investissement important.
Depuis de nombreuses années, les associations de protection de la nature et de l’environnement dénoncent les dispositions financières prévues dans la politique agricole commune qui subventionne les agriculteurs qui ont de mauvaises pratiques, désastreuses sur la santé et l’environnement, afin qu’ils fassent « moins pire ». Les mesures alibis largement subventionnées n’ont aucun effet.
Il est inutile de rappeler les dégâts de l’agriculture céréalière intensive chimique. Depuis des dizaines d’années, les rapports toujours plus alarmants, s’empilent dans les ministères.Tout et son contraire.
Deux exemples suffisent :
- Les nitrates : 5 programmes d’actions se sont succédés, 20 ans de palabres, un risque de condamnation de l’Europe et en 2014 une situation qui se dégrade encore malgré les milliards d’euros dépensés en pure perte.
- Les pesticides : après les affichages du Grenelle de l’Environnement, les bonnes intentions du plan écophyto 2018, ces dernières années, les quantités de produits chimiques utilisés dans l’agriculture ont augmenté.
Le pollueur payé
Pour l’eau, la situation est tout aussi incompréhensible. Les aides vont principalement à ceux qui pratiquent une agriculture polluante.
Prenons l’exemple d’un céréalier, maïsiculteur qui irrigue 160 ha dont 115 ha de maïs grains, il va demander 1 million d’euros d’argent public pour construire une réserve d’eau et il va les obtenir.
Alors que cet agriculteur cultive du maïs qui consomme 2500 m3 d’eau par ha qui nécessite l’utilisation de produits chimiques et de nitrates qui sont lessivés et finissent dans les rivières et la mer car les terrains restent à nus tout l’hiver, la politique agricole française va l’encourager à continuer et peut-être même à intensifier ses pratiques et sa production.
Avec de telles incohérences, des aides au maintien des prairies défaillantes, une agriculture orientée vers la production de céréales pour l’exportation, des dizaines de milliers d’hectares de prairies ont déjà été labourées avec toutes les conséquences que l’on connaît en particulier sur les zones humides.
Espérons que nos gouvernants vont se ressaisir et mettre de l’ordre dans la distribution de l’argent public.
Contact : Nature Environnement 17 – 05 46 41 39 04
Photo : Vaches Maraîchines de Benoît BITEAU sur les prairies de La Massonne