Le projet de construction de 6 bassines sur le bassin du Curé a été soumis à enquête publique il y a quelques mois.
A cette occasion, Nature Environnement 17 a exposé quelques arguments fondamentaux qui fondent son opposition au projet.
Malheureusement, ces arguments n’ont pas été pris en compte par la commission d’enquête ou par le préfet de Charente-Maritime qui vient de signer un arrêté déclarant le projet d’intérêt général.
Pour télécharger l’arrêté.
Nous ne sommes pas surpris par cette décision qui prévoit -en mobilisant plus de 5 millions d’euros d’argent public des citoyens, usagers et contribuables- le stockage d’une première tranche de 1,66 millions de m3 pour quelques irrigants (13 exploitations agricoles).
Cependant, pour signer cet arrêté, le préfet se base sur des éléments pour le moins fragiles et contestables :
- Il n’y a pas de projet de territoire pour le bassin du Curé mais uniquement un CTGQ (Contrat Territorial de Gestion Quantitative) qui n’aborde pas les aspects qualité de l’eau contrairement à ce que prévoit l’instruction gouvernementale de juin 2015 et les recommandations du rapport interministériel de juin 2018 (rapport Bish).
- Une partie seulement des prélèvements d’eau destinés à l’irrigation seront substitués, entraînant une augmentation annuelle des prélèvements dans le milieu naturel alors qu’avec des changements de pratiques agricoles, d’importantes économies sont possibles.
- En réalité, les volumes prélevables n’ont toujours pas été définis pour ce bassin. (1)
- Monsieur le préfet inverse les priorités d’usage du code de l’environnement (2) qui place en tête l’eau potable, puis la protection des milieux naturels et ensuite seulement les usages économiques comme l’agriculture. Les effets du changement climatiques ne sont pas pris en compte malgré les alertes des scientifiques en particulier sur le bilan carbone négatif de l’agriculture industrielle chimique.
- Monsieur le préfet considère que la doctrine « Éviter Réduire Compenser » (E.R.C.) à été respectée mais aucune alternative au stockage n’a été réellement envisagée, ni aucune mesure compensatoire proposée pour protéger et restaurer les écosystèmes et freiner l’effondrement de la biodiversité.
Au premier plan, un champ arrosé d’herbicide, au second plan une rampe d’irrigation et la « bassine »
Comme le montre la photo ci-dessus, sur le bassin du Mignon, contrairement aux promesses (vœux pieux) des irrigants, les pratiques agricoles n’ont pas été modifiées.
Les rotations simplifiées de 2 cultures accompagnées de traitements chimiques sont toujours majoritaires et amplifiées par l’utilisation de rampes d’arrosage de plusieurs centaines de mètres reliées aux bassines. Contrairement à ce que voudrait nous faire croire Monsieur le préfet, c’est bien ce qui se prépare sur le bassin du Curé et de la Boutonne.
Dans le département, des milliers d’hectares ont été traités chimiquement avec des herbicides type glyphosate. Sur le bassin du Curé (photographie ci-dessus), au mois de décembre des parcelles traitées sont inondées avec un lessivage des pesticides dans les fossés et les nappes phréatiques. Ces parcelles traitées sont situées à Anais, sur le Périmètre de Protection Rapproché (PPR) des captages de Fraise et Bois Boulard utilisés pour l’alimentation en eau potable de la ville de La Rochelle.