Le 7 juillet 2017 alors que l’irrigation vient d’être interdite sur le périmètre de l’OUGC Saintonge pour préserver l’alimentation en eau potable des populations, M. SERVANT, président de la Chambre d’Agriculture de Charente-Maritime incite les agriculteurs à ne pas respecter cet arrêté et à reprendre l’irrigation pour « donner le ton » avant la prochaine réunion des acteurs de l’eau en préfecture (cf. dernière page du CP).
Ce comportement irresponsable a d’ailleurs entraîné la verbalisation de plusieurs agriculteurs, qui devront en répondre devant la justice.
M. Servant, lui, utilise un ouvrage qui a été déclaré illégal depuis 2006 (cf. archive Sud Ouest, CP).
En effet, la Cour administrative d’appel de Bordeaux vient de confirmer l’illégalité des ouvrages de Benon et Ferrières (décision du 29.12.171) : surdimensionnés, situés dans le périmètre de protection rapprochée d’un captage d’eau potable, cette décision confirme les 4 autres déjà rendues sur ce projet.
« Il va falloir trouver une solution, ces ouvrages ne peuvent pas être utilisés et ils ont été payés avec de l’argent public, M. SERVANT devra en répondre. » commente Patrick PICAUD, coordonnateur de l’association Nature Environnement 17.
Ces « bassines » ne sont pas les seules qui posent problème, Nature environnement 17 dénonce régulièrement les nouveaux projets2, biberonnés à l’argent public (celui de vos factures d’eau), inéquitables (ils ne profitent qu’à une infime part des agriculteurs, ceux qui touchent déjà énormément de primes et qui polluent beaucoup), et qui encouragent un modèle agricole délétère et dépassé.
Le fait que les prélèvements agricoles dépassent largement la ressource disponible dans les milieux, mettant en péril l’alimentation en eau potable et la vie des milieux aquatiques (en été comme en hiver) a un nom : le déficit quantitatif. Toute la Charente-Maritime est concernée, et cela va même bien au delà de notre département.
A tel point que le gouvernement s’est saisi de la question. En novembre 2017, les ministres de l’environnement et de l’agriculture ont créé une cellule d’expertise sur la gestion de la ressource en eau dans le domaine agricole3.
Mais là, mauvaise pioche, la « personnalité qualifiée représentant la profession agricole » qui a été choisie n’est autre que… Luc SERVANT.
« C’est un très mauvais signal, vu son comportement on est en droit de se poser des questions sur sa légitimité ! Avec de tels « experts » le débat est forcément faussé » s’inquiète Patrick PICAUD.
La cellule nationale d’expertise fera le déplacement dans la région début février 2018.
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1http://jurissite-caa-bordeaux.fr/index.php?post/protection-de-la-ressource-en-eau-%E2%80%93-incompatibilit%C3%A9-de-l%E2%80%99autorisation-de-deux-r%C3%A9serves-d%E2%80%99eau-avec-le-SDAGE-Loire-Bretagne
2Un collectif citoyen dans le marais Poitevin (Mouvement « Bassines non merci ») milite contre un projet de création de 19 retenues de substitution sur le bassin de la Sèvre Niortaise.
Un autre projet de création de 24 retenues de substitution sur le bassin de la Boutonne va être mis à l’enquête publique à partir du 12 février prochain.
3http://agriculture.gouv.fr/dereglement-climatique-ouverture-dune-cellule-dexpertise-sur-la-gestion-de-la-ressource-en-eau