Mystification, gaspillage et non sens !

A propos de l’Autorisation préfectorale d’exploiter le centre multifilière de traitement et valorisation des déchets d’Echillais (CMVD) datée du 16 janvier 2018.

Le nouvel arrêté préfectoral autorisant la mise en service de l’usine à partir du 17 janvier 2018 montre clairement que le préfet, le président du SIL mais aussi ses vice présidents, présidents des collectivités responsables de la collecte, ont cherché les moyens d’utiliser à tous prix une usine dont le coût de construction est d’environ 90 M€.

Depuis plus de 4 ans, comme Pays Rochefortais Alerte nous disons que cette usine est inutile.

Il y a déjà 4 ans nous avons participé à alerter les élus qui portent ce projet quant à son inutilité et à leur  proposer des alternatives permettant d’une part, de trier les déchets alimentaires (fermentescibles) pour les composter et d’autre part, de réduire l’ensemble des déchets grâce aux moyens de collecte à utiliser pour pouvoir mettre en place une « redevance incitative ». Malheureusement, ces élus ont fait la sourde oreille et les habitants vont le payer cher.

Dans le communiqué de presse de la préfecture daté du 17 janvier dernier, deux points ont particulièrement retenu notre attention, à savoir :

1 – Il est écrit que le centre multifilière de traitement et de valorisation des déchets d’Echillais (CMVD) « … permettra de traiter, à proximité de leur lieu de production, les déchets qui sont actuellement à 65% enfouis sans valorisation hors du département. »

C’est partiellement vrai. Mais pourquoi en est-on là ?  Il y a un peu plus de huit mois, l’UIOM de Saint Pierre d’Oléron fonctionnait encore mais le Président du SIL, avec l’accord des présidents des collectivités chargées de la collecte, ses vice présidents, voulait que le CMVD puisse être mis en service coûte que coûte. Il a donc fait arrêter l’UIOM qui se dégradait faute d’une maintenance suffisante. Dans sa stratégie de fuite en avant, il n’a pas pris la précaution d’attendre le jugement du tribunal administratif de Poitiers qui a annulé l’arrêté préfectoral autorisant la mise en service du CMVD d’Echillais. Faut-il rappeler que l’annulation du 1er arrêté préfectoral a d’ailleurs été confirmée par la Cour d’appel de Bordeaux le 12 décembre dernier. En conséquence, le SIL a dû trouver d’urgence un moyen d’éliminer les déchets qui ne pouvaient plus être brûlés à Oléron. C’est pour cette raison que 65% des déchets du territoire du SIL sont actuellement enfouis dans des décharges existant dans et hors du département. Dans une entreprise privée, ceci ne serait-il pas considéré comme une vraie faute de gestion ?

2 – Beaucoup plus grave. Dans le communiqué de la préfecture il est écrit « Ce nouvel arrêté n’autorise pas la production de compost à partir d’ordures ménagères résiduelles  … » (OMR et assimilés (magasins alimentaires, restaurants, marchés, etc.)

C’est une magnifique mystification qui conduit à un vrai gaspillage !

En effet, une lecture attentive du nouvel arrêté permet de s’apercevoir que la chaîne de traitement des OMR et assimilés inclut des opérations de tri/préparation/stabilisation qui assurent le tri des déchets fermentescibles et leur compostage. Cela correspond d’ailleurs aux chaînes de traitement décrites dans le document D de la demande d’autorisation déposée par le SIL le 17 mai dernier ainsi qu’aux documents fournis pour la 2ème enquête publique réalisée du 28 septembre au 30 octobre derniers. Auparavant, les opérations de la chaîne de traitement des OMR et assimilés étaient les suivantes : tri mécano biologique (TMB)/préparation/stabilisation afin de produire du compost utilisable en agriculture conventionnelle uniquement.

Il a donc suffi de changer l’expression tri mécano biologique (TMB) en tri pour faire croire que le traitement a changé.

L’arrêté préfectoral du 16 janvier 2018 autorise donc bien la production de compost à partir des déchets fermentescibles triés par TMB. En revanche, ce qu’il n’autorise pas, c’est l’utilisation de ce compost. Ainsi, en attendant que les déchets fermentescibles soient triés à la source, environ 16 000 tonnes de compost devront être incinérés ou enfouis chaque année.

Par ailleurs, dans ce nouvel arrêté, il existe au moins une autre mystification. L’utilisation souvent indifférenciée des termes « biodéchets » et « déchets fermentescibles » qui empêche toute analyse rigoureuse des process mis en œuvre et des quantités de déchets qu’il est réellement prévu de traiter.

Néanmoins, réjouissons-nous que M.Rigoulet-Roze, Préfet de Charente Maritime ait demandé aux présidents des communautés chargées de la collecte de respecter la Loi qui impose que les déchets fermentescibles soient triés à la source avant le 1er janvier 2025.

 

Faudra-t-il attendre encore 7 ans pour que ce que nous avons proposé il y a 4 ans soit réalisé ?

 

Comment ne pas être scandalisés !


Contact : Jean-Joël GAURIER – jj.gaurier@orange.fr / 05.46.41.39.04