Mobilisez vous : enquête publique sur projet d’extraction de granulats à un mille du littoral

Une enquête publique est ouverte jusqu’au 17 octobre. Elle concerne un projet d’extraction de granulats dans l’estuaire de la Gironde sur le banc du Matelier à environ un mille nautique de la flèche de Bonne Anse. Cette partie du littoral a été très fragilisée durant l’hiver 2013/2014. Les mouvements de sable sont très importants. Les porteurs du projet prétendent, modélisation à l’appui, qu’il n’y aura pas de conséquence sur le trait de côte. Il est difficile d’être convaincu, d’autant plus que cette extraction se rajouterait aux travaux de la Grande Passe de l’Ouest qui ont eu lieu récemment. La courantologie est quelque chose de très complexe et il est difficile de croire que la modélisation peut appréhender de façon réaliste les conséquences d’une conjonction  de phénomènes extrêmes vent-marée par exemple.

Voici l’avis de l’enquête publique .

Le dossier est consultable à la préfecture de la Rochelle et dans les mairies des communes de l’estuaire. Vous pouvez consulter les avis déjà donnés sur le projet :

Ce dernier est très complet, et peut servir de base pour une réponse à l’enquête.  Vous pouvez également consulter l’étude faite par l’association Une Pointe Pour Tous ou vous inspirer de notre réponse :

Par la présente, l’association Nature Environnement 17 vient présenter ses observations au projet d’exploitation d’une concession de granulats marins dite « LE MATELIER », actuellement soumis à enquête publique.

Premièrement, il convient de rappeler que le sable des fonds marins est le socle d’écosystèmes complexes qui ont mis plusieurs dizaines de milliers d’années à se former ; Extraire cette ressource non renouvelable pour en faire du béton est un non-sens écologique.

Le fait que les ressources terrestres en sable soient (déjà) épuisées laisse envisager que le fond des mers sera bientôt également entièrement pillé. La rentabilité de ces opérations d’extraction repose sur la consommation de ressources naturelles dont on peut disposer quasiment gratuitement, à condition d’avoir les moyens d’engager une ingénierie lourde et coûteuse pour dépasser les contraintes.
Les sables marins étant une ressource finie, les investissements réalisés auraient tout à gagner à être orientés vers des filières de recyclage des matériaux, qui encombrent les sites de stockage, de déchets du bâtiment par exemple.

Par ailleurs, la zone au droit du projet se situe dans un axe écologique d’une grande valeur ainsi qu’en attestent les diverses mesures de protection de l’estuaire de la Gironde.

En tant qu’interface entre les eaux terrestres et les eaux marines, l’estuaire est fréquenté par de nombreuses espèces, dont certaines ont justifié la désignation de sites Natura 2000 et présentant de forts enjeux de conservation, comme l’anguille, l’esturgeon ou le maigre, dont la dernière frayère se situe dans l’estuaire.

Il est à ce titre tout à fait décevant de remarquer que l’évaluation de l’impact sur la faune ait été basée uniquement sur des données bibliographiques ! L’autorité environnementale ne manque pas de relever cette faiblesse du dossier, remarque à laquelle le pétitionnaire ne répond pas dans les compléments d’information qu’il apporte suite à cet avis.

Un autre point soulevé par l’autorité environnementale et auquel aucune réponse satisfaisante n’est apportée par le pétitionnaire est l’analyse des impacts de l’opération sur les mouvements sédimentaires en cours d’extraction, qui n’est pas abordée.

La question de la turbidité engendrée par l’extraction est également fondamentale. En effet, la mise en suspension de particules fines entraîne le colmatage des branchies de nombreux animaux filtreurs et est une perturbation non négligeable pour les espèces halieutiques.

D’une manière générale les impacts du projet sur les milieux sont globalement sous-estimés et l’absence d’impact peu étayée (analyse partagée par l’autorité environnementale et le CSEG) alors que la pluralité de zones d’intérêt écologique identifiés au droit du projet devrait, par précaution, conduire à exclure toute activité importante dans cette zone.
Le fait d’aspirer 13 millions de m3 de granulats et de renvoyer à la mer des millions de m3 d’eaux chargées de sédiments pompées au fond de l’estuaire ne peut être présenté comme une opération
neutre.

(…)

Les plages sont des barrières naturelles qui protègent les habitants des côtes. A plusieurs endroits dans le monde, l’extraction de granulats marins a montré des impacts inquiétants sur les plages situées à proximité des lieux d’extractions.

La pointe de la Coubre a été fortement touchée par les tempêtes cet hiver, ce qui a fragilisé les plages. Il est certain que l’opération d’extraction aura un effet encore plus désastreux sur le trait de côte.

Enfin, nous ne pouvons que conseiller le visionnage d’un reportage très intéressant : « le sable, enquête sur une disparition » qui traite de l’exploitation des sables marins et ses conséquences (https://www.youtube.com/watch?v=FjnJrCwYd2Y).

Par conséquent, Nature Environnement 17 émet un avis défavorable au projet présenté à l’enquête publique et vous invite à en faire de même.

En vous souhaitant bonne réception, veuillez agréer, Messieurs de la commission d’enquête, l’expression de notre considération distinguée.

Vous pouvez adresser votre contribution par courrier, si vous ne souhaitez  pas vous déplacer :

Commission d’enquête, Granulats marins « le Matelier », Préfecture de la Charente-Maritime, Bureau des Affaires Environnementales, 38 rue Réaumur, CS 70000, 17017 La Rochelle Cedex 01